Camp d’internement pour “étrangers indésirables” à Reillanne (1942-1945)

« Ici, à Reillanne, dans l’ancien couvent Notre-Dame-des-Prés, les autorités de Vichy ont établi en 1942 un camp pour « étrangers indésirables ». Le 12 mai 1944, 54 Juifs, enfants, femmes, hommes, ont été raflés ici par des membres français de la Gestapo de Marseille, puis déportés à Auschwitz-Birkenau. » Voici le texte qu’on pourra lire sur la nouvelle plaque commémorative que des élèves en arts appliqués et métallerie du lycée des Métiers Martin Bret de Manosque, proposent de concevoir et fabriquer, dans le cadre d’un projet « Mémoire et Résistance » auquel ils participent. Cette action citoyenne, menée sous l’impulsion de David Soulard, enseignant en Lettres et Histoire, s’adresse à six communes du département dans lesquelles un camp pour étrangers a été implanté durant la Seconde Guerre mondiale.

Dans ce cadre, une rencontre a eu lieu en 2023 avec l’historienne Annette Becker au lycée des Métiers de Manosque. Pourquoi un camp pour « indésirables » à Reillanne durant la Seconde Guerre mondiale ? Qui étaient les personnes « hébergées » ? Pendant plus de deux heures, sous le regard attentif de leur professeur David Soulard à l’initiative de la rencontre, les questions des étudiants de la classe de 1ère Agora (Assistance à la Gestion des Organisations et de leurs Activités) s’enchainent. Sur la démarche d’historienne d’Annette Becker, puis sur le camp lui‑même, ses occupants tous Juifs étrangers, leurs conditions de vie, leur destin tragique. Claire Dufour, maire, et Isabelle Grenut, adjointe, assistaient à cet échange fructueux et convivial.

 

Reillanne 1944-2024

80 ans après la dernière rafle de Juifs en France le 12 mai 1944 à Reillanne,

la commune se souvient

En 1942, le gouvernement de Vichy a ouvert à Reillanne un « centre spécial pour des étrangers non dangereux » et « indésirables », qui abrita principalement des familles juives dans l’incapacité de travailler. Le 12 mai 1944, des agents français de la Gestapo de Marseille y opérèrent la rafle de 54 Juifs, qui furent déportés à Auschwitz-Birkenau depuis Drancy par les convois 74 et 75 des 20 et 30 mai 1944.

En partenariat avec l’historienne Annette Becker, spécialiste des crimes de masse et des camps, et qui sort actuellement chez Gallimard un livre en partie consacré au camp de Reillanne, la commune souhaite commémorer les 80 ans de ce drame, et plus largement l’existence de ce camp, assez méconnue. Dès 2022, sollicitée par le lycée des Métiers Martin Bret de Manosque dans le cadre de son programme « Mémoire et résistance », elle a initié la réalisation, par deux classes de cet établissement (BAC Agora et CAP Métallerie) d’une plaque mémorielle concernant la rafle du 12 mai 1944. Celle-ci sera fabriquée durant l’hiver 2023, pour être installée aux abords du site (privé) et inaugurée le 12 mai 2024.

Outre cette plaque, la commune souhaite élaborer une exposition « grand public », à partir des nombreux documents conservés aux Archives Départementales des Alpes-de-Haute-Provence (Digne-les-Bains), à proposer en différents lieux (Reillanne, lycée Martin Bret, AD 04) durant l’année 2024.